Face-à-face avec Micka Landreau


Vendredi 15 Mai 2015 16:38 - écrit par Julien Pruvost

L'ex gardien tricolore, dévoile toutes ses astuces pour être efficace dans les cages. Gestes, placements, gestion de la pression. Florilège de clés pour rester le maître absolu de votre surface.



Pouvez-vous établir le portrait-robot du gardien moderne ?
C’est le portier qui participe avec sa défense, qui est bon dans le jeu au pied, qui excelle sur sa ligne et propre dans le jeu aérien. C’est le profil de Manuel Neuer.

Être gardien, c’est être constamment sous pression. Comment la gérer ?
C’est vrai que la psychologie est une donne très importante à gérer. C’est à travers la répétition des gammes quotidiennes à l’entraînement, des échanges que l’on peut avoir avec l’entraîneur des gardiens, par cette faculté à reproduire des routines et en analysant ses erreurs que l’on parvient à surmonter la pression.

Quels sont les impératifs pour devenir maître de sa surface ?
Tout dépend où se situe le ballon. Parfois, il faut juste être maître d’un périmètre de 5-6 mètres. De temps en temps, il faut aller plus loin et être capable d’être en dehors de sa surface. C’est aussi faire preuve de charisme et de forcer sa personnalité pour avoir un impact, comprendre le jeu et ce qu’attend l’entraîneur. Enfin, c’est communiquer en permanence avec ses défenseurs.
 
Comment devient-on bon sur sa ligne ?
Il faut mettre l’accent sur le travail de l’explosivité, de la réactivité et de l’anticipation. Il faut être capable de sentir ce qui va se passer.
 
Comment être à l’aise dans le domaine aérien ?
Le domaine aérien, c’est un mélange de diverses choses comme la taille, la détente mais surtout la lecture du jeu. Le positionnement de départ est donc capital avant une intervention aérienne. À cela, il est important de placer efficacement ses défenseurs pour se donner un espace d’intervention suffisant et sécurisant.
 
Quels sont les points clés à respecter sur un corner ?
Le plus important à retenir : le meilleur joueur de tête ne doit pas être au marquage. Il doit être au premier poteau, en électron libre. Tout simplement parce que c’est la zone où il y a le plus de buts avec des joueurs qui viennent couper les trajectoires.
 
Le jeu au pied est-il essentiel aujourd’hui ?
Le jeu au pied fait partie de la panoplie du gardien de but de haut-niveau. Il devient de plus en plus essentiel car 7 ballons sur 10 sont touchés avec les pieds. Un bon jeu au pied permet à l’équipe d’avoir un joueur supplémentaire, un relais dans la circulation du ballon.

La parade parfaite, comment la définir aujourd’hui ?
C’est tout simplement faire le geste juste, la bonne sortie ou encore annihiler une occasion adverse. Après, certains gardiens repoussent plus qu’ils ne sont efficaces et le ballon traîne devant la cage. Il faut surtout arrêter les préjugés du style « ça, c’est pas bien.» L’analyse doit porter sur le côté décisif ou pas. Peu importe si on boxe, si on capte ou si on dévie. L’essentiel c’est que le ballon ne finisse pas au fond.
 
Qu’est-il impératif de travailler à l’entraînement ?
L’axe de l’insécurité doit dominer. Tout simplement parce qu’aujourd’hui, les ballons flottent énormément et la technique de frappe est davantage en puissance qu’en effet. Les trajectoires sont incertaines et le gardien doit analyser sans cesse pour faire le bon geste, pour bloquer la balle à deux mains et en deux temps pour limiter les risques.

Peut-on parler d’instinct chez un gardien de but ?
Il y a toujours du ressenti, une sensation mais c’est la répétition qui fait que des automatismes rapides se créent.

Un gardien doit-il avoir une relation à part avec l’entraîneur général ?
Tout dépend du niveau. En amateur, il n’y a pas toujours de coachs spécifiques donc le lien est unidirectionnel. Au haut-niveau, l’entraîneur de gardien devient un relais dans la communication avec l’entraînement général.
 
Comment gérer une erreur ?
La bourde comme on dit, fait partie du jeu. Quand un gardien fait un arrêt, c’est qu’il y a eu des trous dans la défense auparavant. Mais ça fait partie du jeu. Il faut juste continuer à travailler, de faire une petite « tape » sur l’épaule pour réconforter, rassurer et au final dire : le match n’est pas fini.

Quelles sont les similitudes entre un gardien et un attaquant ?
C’est deux postes différents. La chose qui les rassemble, c’est que ce sont des postes décisifs. Et être décisif, ça implique que l’on attend toujours le côté crucial. Quand l’attaquant et le gardien ne sont pas décisifs, ils deviennent frustrés. Après, le gardien, ne peut pas attraper une boulette. L’attaquant, lui, a encore des chances de marquer après un loupé.
 
Pour conclure, quel était votre secret pour arrêter un pénalty ?
Il y avait de tout : du bluff, de la sensation et du travail vidéo. L’astuce, c’est de ne pas partir trop vite pour pouvoir prendre la décision au bon moment.