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La Super League européenne offrira le 'pire des deux mondes'


Mardi 20 Avril 2021 10:40 - écrit par Rédaction JF

André Spicer, professeur à la Business School remet en question les principes économiques de la Super Ligue européenne. L'adhésion à une Super League européenne entraînerait un manque de concurrence et de partage des ressources, les clubs "récoltant" de l'argent et risquant d'isoler les supporters.



Dimanche, le monde du football a vécu un énorme séisme avec l'annonce de la création de la Super Ligue Européenne. Une compétition portée par de nombreux cadors européens dont la Juventus, Manchester United, Manchester City, Liverpool, le FC Barcelone ou encore le Real Madrid de Florentino Perez, qui est clairement l'instigateur de cette nouvelle compétition.

Une décision des très riches qui a provoqué une vague d'indignation, de colère des fans de foot mais surtout de l'UEFA. En effet, l'instance du football européen a fermement condamné cette initiative, et promis de lourdes sanctions à l'encontre des joueurs qui participeront à cette compétition. 

Une Super Ligue essentiellement basée sur une volonté d'enrichissement qui réduira à néant la beauté du foot. Chose qu'a tenu à mettre en avant André Spicer, professeur à la Business School  de Londres (anciennement Cass Business School), en prenant l'exemple de la Ligue Anglaise. 

Les ligues sportives ont tendance à être plus attractives lorsque l'incertitude des résultats est plus grande

" Rappelons tout d’abord que le succès de la ligue de football anglaise était basé sur la compétition ouverte et une nouvelle ligue partiellement fermée pourrait créer "le pire des deux mondes".
Les ligues sportives ont tendance à être plus compétitives lorsqu'elles sont ouvertes et que les équipes les plus performantes peuvent y entrer tandis que les équipes moins bien placées sont reléguées.
Le système de relégation est une des raisons pour lesquelles le football anglais a connu un tel succès mondial. Les compétitions fermées sont moins compétitives, mais les membres de la ligue sont plus susceptibles de partager des ressources telles que les revenus et les joueurs.
La nouvelle Super League européenne est partiellement fermée (si les clubs fondateurs sont des membres permanents) et partiellement ouverte (avec cinq nouveaux clubs promus chaque saison).
Cette conception se situe entre les deux modèles et risque de nous donner le pire des deux mondes : le manque de concurrence et le manque de partage des ressources. Le résultat pourrait être un petit nombre d'équipes de haut niveau qui n'ont pas de défi compétitif sérieux mais qui ne sont pas disposées à partager leurs ressources. Cela pourrait transformer les grandes équipes en rentiers qui n'ont pas besoin de faire trop d'efforts et se contentent de récolter les revenus de leur position immuable.
Si l'on veut continuer à divertir les fans, la ligue doit créer à la fois de l'incertitude et de l’excitation,  en se basant sur les modèles sportifs américains réussis.
Les ligues sportives ont tendance à être plus attractives lorsque l'incertitude des résultats est plus grande. Les fans sont plus enclins à venir lorsqu'ils ne savent pas ce qui va se passer. Une façon d'y parvenir est de mélanger un petit tournoi suivi d'une longue compétition à élimination directe "post-saison". C'est ce qui se passe dans les sports américains où l'on trouve des compétitions régionales fragmentées suivies d'une longue compétition à élimination directe d'après-saison qui peut donner lieu à des finales très serrées."